Institution unique ancrée sur le roc de la colline Parlementaire, la Bibliothèque de l’Assemblée nationale est l’une des plus anciennes au Québec. C’est en 1802 qu’est fondée la Bibliothèque de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada, faisant d’elle la quatrième bibliothèque parlementaire la plus ancienne en Amérique du Nord. Portrait d’une bibliothèque qui depuis plus de 200 ans est au cœur d’une institution qui façonne le Québec.
La présence du livre dans le milieu parlementaire québécois remonte à la fin du 18e siècle. À l’ouverture de la première session de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada en 1792, les parlementaires ont accès aux volumes de la Bibliothèque de Québec. Avec le temps, les collections de cette bibliothèque se révèlent insuffisantes et un comité est chargé d’étudier la possibilité de créer une bibliothèque parlementaire. Le rapport du groupe, adopté le 10 mars 1802, constitue la charte de fondation de la Bibliothèque de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada ainsi que ses premiers règlements. Le greffier de la Chambre s’en voit confier l’administration. C’est donc à Samuel Phillips que revient la tâche de diriger les débuts de l’institution. Le 26 mars 1802, le Conseil législatif vote à son tour une résolution visant à établir sa propre bibliothèque.
Afin d’accueillir la Bibliothèque, on aménage des locaux dans l’édifice du Parlement qui est à cette époque situé en haut de la côte de la Montagne. À ses débuts, l’accès aux lieux est strictement réservé aux députés et aux employés et le prêt extérieur est uniquement destiné au gouverneur. De plus, la Bibliothèque doit suivre l’horaire de la Chambre et déposer un rapport annuel.
En raison de problèmes de santé, Samuel Phillips abandonne ses fonctions en 1808. Il est remplacé par William Lindsay. Ce dernier assume pleinement ses nouvelles fonctions, dont celle touchant l’organisation et le développement de la bibliothèque des députés. Il fait imprimer le premier catalogue des collections en 1811. À partir de 1825, les collections de la Bibliothèque de la Chambre d’assemblée sont, entre les sessions, mises à la disposition des fonctionnaires, des juges et de toute personne ayant obtenu une permission écrite de la part d’un député. Pendant les sessions, la Bibliothèque retrouve sa fonction exclusivement parlementaire. Lindsay se retire de l’administration publique en 1828.
En 1829 est créée la fonction de bibliothécaire; Jacques Langlois en est le premier titulaire. Ce dernier consacre ses efforts à la publication d’un catalogue, paru en 1831, lequel témoigne de l’état de la Bibliothèque à cette époque.
Langlois décède subitement en 1832. Par un vote de l’Assemblée, on confie la charge de bibliothécaire à Étienne Parent. Ce dernier réorganise la collection de la Bibliothèque, réforme les règlements, assure un plus grand accès au lieu et augmente le volume des acquisitions. Convaincu que la démocratie politique d’un peuple passe par la démocratie culturelle, il souhaite doter le Bas-Canada d’une bibliothèque parlementaire qui, à l’instar de celle des États-Unis, serait une bibliothèque nationale ouverte à tous les citoyens aspirant à comprendre leur pays et leur univers. Fortement contesté par certains députés en raison de ses engagements politiques en faveur des députés patriotes, Étienne Parent remet sa démission en novembre 1835.
Il est alors remplacé par Jasper Brewer, qui poursuit les politiques de son prédécesseur. Il tente, sans succès, de rendre plus sévères les règlements concernant le prêt de livres aux députés. Ces derniers empruntaient des livres sans toujours les remettre. En mars 1838, la constitution de 1791 est suspendue au Bas-Canada et les activités de la Bibliothèque ne reprennent qu’après l’adoption de l’Acte d’Union de 1840. Jasper Brewer est nommé greffier du Conseil spécial, ce qui l’amène à abandonner presque entièrement ses fonctions de bibliothécaire pendant presque trois ans.
Jasper Brewer, nommé greffier du Conseil spécial depuis la suspension de la constitution en 1838, reprend son travail de bibliothécaire en 1841 afin de préparer le déménagement de la collection de l’Assemblée vers Kingston. À cette époque, l’Union législative du Bas-Canada et du Haut-Canada signifie la fusion des collections parlementaires des deux provinces et leur déménagement vers le nouveau siège du gouvernement fixé à Kingston.
La maladie force Brewer à céder son poste de bibliothécaire. William Winder, responsable de la Bibliothèque de la législature du Haut-Canada depuis 1836, prend la charge de la nouvelle bibliothèque de la Province du Canada. Le défi est imposant. Il est appelé à diriger une bibliothèque qui, comme le Parlement, n’a pas de domicile fixe. Les fréquents transports des livres occasionnent des pertes et des détériorations. À cela s’ajoutent les locaux inadéquats, l’intégration de la Bibliothèque législative de Québec à celle de Toronto, la mise à jour de la classification, la poursuite du développement des collections et le choix des fournisseurs.
Malgré ces nombreuses difficultés, William Winder parvient à assurer un bon rythme de croissance à l’institution. En 1844, il réussit un second déménagement vers Montréal, nouvellement choisie comme capitale, avec un minimum de pertes documentaires. L’édifice de l’ancien marché Sainte-Anne est choisi pour accueillir le Parlement et la Bibliothèque.
En avril 1849, la Bibliothèque subit le premier incendie de son histoire. À la suite de l’adoption d’une loi accordant des indemnités aux victimes de répressions lors des rébellions de 1837-1838, les opposants à cette loi mettent le feu à l’hôtel du Parlement de Montréal, ce qui entraîne la perte des quelque 22 000 volumes, des archives parlementaires du Haut-Canada, du Bas-Canada, et de la province du Canada, ainsi que des documents officiels et des manuscrits originaux. Le Conseil législatif renonce par la suite à reconstituer une collection distincte de celle de l’Assemblée, souhaitant plutôt rebâtir une bibliothèque commune aux deux chambres. On prend alors l’habitude de la désigner comme la Bibliothèque du Parlement.
Après l’incendie, on choisit Toronto comme capitale. Winder œuvre à la reconstitution des collections. Il recommande une demande d’aide internationale pour obtenir gratuitement des livres de la Grande-Bretagne et de ses colonies, de la France et des États-Unis. En moins de cinq ans, il regarnit les rayons de 17 000 volumes.
En 1852, la ville de Québec est choisie comme nouvelle capitale de la Province du Canada. Winder doit prendre en charge un autre déménagement des collections.
Le 1er février 1854, un nouvel incendie détruit l’hôtel du Parlement de Québec, toujours situé en haut de la côte de la Montagne. Grâce au courage de plusieurs volontaires accourus pour évacuer la Bibliothèque, 9 000 des 17 000 volumes échappent aux flammes.
À la suite de l’incendie, on décide de rétablir le Parlement à Toronto. Winder recommence une nouvelle fois le travail de reconstruction. Fort d’un budget voté par la Législature, il se rend en Europe acquérir une importante collection, laquelle va devenir le noyau de la Bibliothèque. À son retour d’Europe, William Winder quitte ses fonctions de bibliothécaire. Il est alors remplacé par son bras droit, Alpheus Todd.
Alpheus Todd est à l’emploi de la Bibliothèque du Haut-Canada depuis 1835. Il a notamment travaillé à l’élaboration de plusieurs catalogues, pris en charge les problèmes liés aux déménagements des collections entre les différentes capitales et participé à la reconstruction de la Bibliothèque après les incendies de 1849 et de 1854. Il met beaucoup d’ardeur à son travail, de sorte qu’en 1865, la collection compte 55 000 volumes.
En 1859, Québec redevient la capitale. Todd s’acquitte donc d’un autre déménagement dans le nouvel édifice reconstruit sur le terrain en haut de la côte de la Montagne. En 1865 commence le transport de la majeure partie des collections de Québec à Ottawa, ville désignée pour être la nouvelle capitale.
Avec la Loi constitutionnelle de 1867 et la création de la province de Québec, une nouvelle bibliothèque est créée pour le Parlement provincial. Celle-ci est désignée sous l’appellation de Bibliothèque de la Législature, puisqu’elle est au service des deux Chambres. Elle prend un nouvel essor grâce au dynamisme de son premier bibliothécaire, Léon-Pamphile Le May, qui relève un défi, celui de construire une collection à partir de presque rien, puisqu’avec la Confédération, Ottawa a conservé la quasi-totalité des collections parlementaires.
En 1875, l’abolition du ministère de l’Instruction publique amène la fusion de la bibliothèque de ce ministère, qui comptait 6 000 volumes, à celle de la Législature.
En 1883, un troisième incendie anéantit le travail de Pamphile Le May. À peine 4 500 livres sont sauvés de la collection, forte à ce moment de plus de 30 000 volumes. L’année suivante, l’Assemblée ratifie la Loi relative à la Bibliothèque de la Législature. On y décrit en détail l’administration, le nombre d’employés et les règlements. En 1885, on installe la Bibliothèque au rez-de-chaussée de l’aile sud du Parlement, qui longe la Grande Allée.
Le May retourne à la tâche et, grâce aux nouveaux crédits votés par l’Assemblée, il réussit en quelques années à reconstruire une bibliothèque digne de l’institution. Il achète deux prestigieuses collections privées, celle du juge Antoine Polette et celle de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, ancien ministre de l’Instruction publique et premier ministre du Québec. Cette dernière est constituée de 3 660 volumes et de 1 589 brochures, de livres rares et anciens sur l’histoire et la littérature. Cette collection, qui offre un panorama de l’histoire du livre depuis les origines de l’imprimerie, est considérée encore aujourd’hui comme un trésor national.
Narcisse-Eutrope Dionne prend la relève de Le May en 1892. Il contribue activement au rayonnement de l’institution en poursuivant l’œuvre de son prédécesseur. Il publie un catalogue des collections en 1903 et réussit à faire accepter le projet de construction d’un nouvel édifice pour loger la Bibliothèque. Il prend sa retraite en 1912.
Pour succéder à Narcisse-Eutrope Dionne, on fait appel à Ernest Myrand. C’est au cours de son mandat que les locaux actuels de la Bibliothèque sont aménagés. En 1915, il coordonne le déménagement des collections de l’hôtel du Parlement vers le nouvel édifice.
À la mort de Myrand en 1921, Joseph Desjardins prend la relève après avoir servi sous les trois bibliothécaires précédents. À cette époque, la Bibliothèque adopte la classification décimale Dewey comme système de classification. Desjardins prend sa retraite en 1934 après avoir œuvré à la Bibliothèque pendant 48 ans.
Georges-Émile Marquis lui succède, étant muté à la Bibliothèque dans des circonstances inusitées. Jean-Charles Harvey, rédacteur en chef du journal Le Soleil, publie, en 1934, un roman qui fait scandale : Les demi-civilisés. Ce faisant, il s’attire les foudres de l’épiscopat et se voit destitué de son poste. Le gouvernement libéral de Louis-Alexandre Taschereau voudrait bien assurer à Jean-Charles Harvey un poste qui lui permettrait de gagner honorablement sa vie. Harvey aurait dû normalement accéder au poste vacant de bibliothécaire. Ce scandale force plutôt la nomination de Marquis et Harvey devient directeur du Bureau des statistiques du Québec.
Devant l’absence d’une bibliothèque municipale digne de ce nom, les bibliothécaires de la législature qui se sont succédé se sont fait un devoir de faciliter l’accès à la Bibliothèque au plus grand nombre. Cependant, à quelques reprises dans son histoire, la Bibliothèque a dû fermer ses portes pour diverses raisons. Fermées au public depuis cinq ans, les portes de la Bibliothèque s’ouvrent à nouveau en 1936, ce qui entraîne une hausse importante de la fréquentation et des emprunts. Pour la première fois en plus de 40 ans, Georges-Émile Marquis réunit le comité mixte des deux chambres, duquel relevait la Bibliothèque. Il réussit à convaincre les députés d’accepter un programme de modernisation de la Bibliothèque, qui comprend notamment un ajustement des horaires de travail et un important réaménagement du sous-sol. De plus, la loi sur la Bibliothèque est modifiée afin de l’arrimer avec les nouveaux besoins de l’époque. Georges-Émile Marquis s’intéresse aussi aux politiques et aux pratiques d’acquisition et il se fait un devoir d’acheter plus de livres québécois. Il quitte ses fonctions en décembre 1952.
À la retraite de Georges-Émile Marquis, c’est l’assistant-bibliothécaire, Jean-Charles Bonenfant, qui prend la succession. Sous sa direction, la Bibliothèque connaît un essor considérable. De bibliothèque publique, elle devient une bibliothèque parlementaire spécialisée.
Sur le plan de la bibliothéconomie, Jean-Charles Bonenfant apporte la professionnalisation du travail. Il recrute des diplômés en bibliothéconomie, il favorise le perfectionnement des employés et leur participation à des activités d’associations professionnelles.
Bonenfant travaille activement à la gestion des collections en s’efforçant de constituer une collection qui répond aux besoins des parlementaires, des fonctionnaires et des chercheurs. Avec l’accroissement rapide des collections, il supervise le réaménagement des espaces dont la Bibliothèque a grandement besoin. Ainsi, sous sa gouverne, on modernise le sous-sol de l’édifice afin d’y aménager une salle de lecture, un service de photocopie et un espace pour le rangement des journaux et des revues. C’est également à cette époque que la Bibliothèque procède à l’achat de microfilms et remplace les journaux qui se désagrègent.
Les 17 ans de Jean-Charles Bonenfant à la tête de la Bibliothèque de l’Assemblée ont révélé ses qualités d’administrateur et de visionnaire. La Bibliothèque actuelle porte encore son empreinte. Jean-Charles Bonenfant quitte ses fonctions en 1969.
Après le départ du directeur Jean-Charles Bonenfant, la Bibliothèque est dirigée par Jacques Prémont. Les nombreuses réformes administratives et parlementaires des années 1960 et 1970 accroissent considérablement le travail des députés, ce qui a d’importantes répercussions sur le travail effectué à la Bibliothèque. À cette époque, le cadre de la bibliothèque parlementaire traditionnelle éclate. L’institution connaît alors un développement considérable avec, notamment, le lancement du Bulletin de la Bibliothèque (1970) et de la collection Bibliographie et documentation (1972), et avec la création des Services de la recherche (1971), de la documentation de presse (1972), de la reconstitution des débats (1974), de la revue de presse L’Argus (1977), de l’indexation du Journal des débats (1979), de la gestion des archives de l’Assemblée (1981) et de la gestion de ses documents administratifs (1989). Le personnel, de 30 employés qu’il était en 1969, passe à 80 en 1992. De plus, les crédits alloués à la Bibliothèque connaissent une augmentation semblable. Jacques Prémont prend sa retraite de la fonction publique en 1993.
Entré à la Bibliothèque en 1970 à titre de responsable du Service de la référence, Gaston Bernier est appelé à lui succéder en 1994. Sous sa gouverne, l’équipe de la Bibliothèque procède à l’introduction de l’informatique dans les processus de travail. Ces nouvelles possibilités technologiques apportent de nombreux changements dans les pratiques de gestion et dans l’offre de services aux clientèles. Durant son mandat, les Services de la recherche, de la reconstitution des débats, de la gestion des documents et de la documentation de presse prennent une expansion importante. Gaston Bernier quitte ses fonctions de directeur de la Bibliothèque en 2000 et il se consacre à l’organisation des activités soulignant le deuxième centenaire de la Bibliothèque, en 2002.
Philippe Sauvageau prend la direction de la Bibliothèque en mars 2001. Sous sa gouverne, des travaux majeurs sont entrepris en vue de rénover l’enceinte de la Bibliothèque et de lui redonner son cachet d’antan tout en modernisant les espaces de travail. Ces travaux sont terminés en 2002, année des célébrations du deuxième centenaire de la Bibliothèque. On construit, notamment, un local afin de conserver les collections de livres rares et précieux. C’est aussi à cette époque que l’on met sur pied un programme de restauration des ouvrages les plus importants des collections de livres rares et précieux. Enfin, la gestion des archives institutionnelles et privées et de la collection des objets patrimoniaux est confiée à une équipe de professionnels.
Afin de mieux faire connaître la Bibliothèque, ses collections et ses services auprès des clientèles prioritaires et des citoyens, la Bibliothèque s’implique dans l’organisation d’événements culturels, notamment les Prix du livre politique, les lancements de livres, l’organisation de portes ouvertes le 24 juin et la production d’expositions thématiques sur place et en ligne.
De plus, face à une demande croissante et dans le but de diffuser et de rendre accessible son patrimoine documentaire, la Bibliothèque met sur pied un service de numérisation. Ainsi, les clientèles peuvent, entre autres choses, consulter en ligne le Journal des débats de l’Assemblée nationale depuis 1867, les mémoires déposés en commission parlementaire, les lois annuelles depuis 1867, des livres rares et des documents d’archives. C’est aussi à cette époque que se termine le projet de reconstitution des débats qui avait débuté en 1974.
Philippe Sauvageau quitte la direction de la Bibliothèque en 2010. Il est remplacé par Hélène Galarneau, qui devient la première femme à occuper cette fonction. Sous son mandat, la Bibliothèque participe pour la première fois aux Journées de la culture en présentant quelques-uns des plus beaux trésors de ses collections. Hélène Galarneau dirige l’équipe de la Bibliothèque jusqu’à sa retraite en 2012.
La direction de la Bibliothèque est alors confiée à Frédéric Fortin. Sous sa gouverne, le travail d’ouverture et de promotion de la Bibliothèque s’intensifie. Des conférences-midi sont organisées, des visites commentées des expositions sont proposées et la Bibliothèque participe au Salon international du livre de Québec.
En phase avec le développement rapide des technologies, la Bibliothèque innove en s’appropriant les outils de communication du moment, en particulier les médias sociaux, avec la création de comptes X, Facebook et Historypin. Devenues incontournables, ces plateformes offrent un moyen unique d’informer les clientèles hors les murs.
Soucieuse de rendre accessible son expertise et d’aider ses clientèles à s'orienter à travers un colossal ensemble documentaire, la Bibliothèque conçoit et diffuse plusieurs banques de données spécialisées. Elle crée et publie des guides thématiques en ligne, qui permettent un repérage rapide des principales sources sur des thématiques spécifiques.
En 2013, la Bibliothèque lance l’Encyclopédie du parlementarisme québécois. Ce projet a pour objectif de rassembler et de rendre accessibles les connaissances sur le parlementarisme québécois. Il vise à consolider le leadership de l’Assemblée nationale en matière de diffusion de données objectives sur le parlementarisme, la politique et l’histoire auprès du public, des acteurs politiques et de la communauté universitaire.
C’est aussi pendant le mandat de Frédéric Fortin que la fonction de responsable du développement des collections est créée. Cette nouvelle fonction permet d’affirmer l’importance d’une gestion attentive des collections et elle assure la cohérence et la pertinence des collections papier et numérique ainsi que l’accroissement de la collection dans les espaces disponibles.
Riche d’une histoire bicentenaire, la Bibliothèque de l’Assemblée nationale représente une institution incontournable pour les députés et les chercheurs qui étudient le Québec. Grâce à son expertise unique, elle produit des outils et des ressources documentaires, qui sont mis gratuitement à la disposition de la communauté.
Plusieurs citoyens croient que la Bibliothèque est réservée aux parlementaires et qu’elle n’est donc pas ouverte au public. Par divers moyens, le personnel s’efforce de contrer cette fausse impression. Les objectifs à atteindre sont simples : offrir aux clientèles prioritaires des services qui répondent à leurs besoins et faire en sorte que chaque citoyen du Québec reconnaisse la Bibliothèque de l’Assemblée nationale comme une institution vivante, ouverte et dynamique, un bien patrimonial collectif et accessible à tous.
La présence du livre dans le milieu parlementaire québécois remonte à la fin du 18e siècle. À l’ouverture de la première session de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada en 1792, les parlementaires ont accès aux volumes de la Bibliothèque de Québec. Avec le temps, les collections de cette bibliothèque se révèlent insuffisantes et un comité est chargé d’étudier la possibilité de créer une bibliothèque parlementaire. Le rapport du groupe, adopté le 10 mars 1802, constitue la charte de fondation de la Bibliothèque de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada ainsi que ses premiers règlements. Le greffier de la Chambre s’en voit confier l’administration. C’est donc à Samuel Phillips que revient la tâche de diriger les débuts de l’institution. Le 26 mars 1802, le Conseil législatif vote à son tour une résolution visant à établir sa propre bibliothèque.
Afin d’accueillir la Bibliothèque, on aménage des locaux dans l’édifice du Parlement qui est à cette époque situé en haut de la côte de la Montagne. À ses débuts, l’accès aux lieux est strictement réservé aux députés et aux employés et le prêt extérieur est uniquement destiné au gouverneur. De plus, la Bibliothèque doit suivre l’horaire de la Chambre et déposer un rapport annuel.
En raison de problèmes de santé, Samuel Phillips abandonne ses fonctions en 1808. Il est remplacé par William Lindsay. Ce dernier assume pleinement ses nouvelles fonctions, dont celle touchant l’organisation et le développement de la bibliothèque des députés. Il fait imprimer le premier catalogue des collections en 1811. À partir de 1825, les collections de la Bibliothèque de la Chambre d’assemblée sont, entre les sessions, mises à la disposition des fonctionnaires, des juges et de toute personne ayant obtenu une permission écrite de la part d’un député. Pendant les sessions, la Bibliothèque retrouve sa fonction exclusivement parlementaire. Lindsay se retire de l’administration publique en 1828.
En 1829 est créée la fonction de bibliothécaire; Jacques Langlois en est le premier titulaire. Ce dernier consacre ses efforts à la publication d’un catalogue, paru en 1831, lequel témoigne de l’état de la Bibliothèque à cette époque.
Langlois décède subitement en 1832. Par un vote de l’Assemblée, on confie la charge de bibliothécaire à Étienne Parent. Ce dernier réorganise la collection de la Bibliothèque, réforme les règlements, assure un plus grand accès au lieu et augmente le volume des acquisitions. Convaincu que la démocratie politique d’un peuple passe par la démocratie culturelle, il souhaite doter le Bas-Canada d’une bibliothèque parlementaire qui, à l’instar de celle des États-Unis, serait une bibliothèque nationale ouverte à tous les citoyens aspirant à comprendre leur pays et leur univers. Fortement contesté par certains députés en raison de ses engagements politiques en faveur des députés patriotes, Étienne Parent remet sa démission en novembre 1835.
Il est alors remplacé par Jasper Brewer, qui poursuit les politiques de son prédécesseur. Il tente, sans succès, de rendre plus sévères les règlements concernant le prêt de livres aux députés. Ces derniers empruntaient des livres sans toujours les remettre. En mars 1838, la constitution de 1791 est suspendue au Bas-Canada et les activités de la Bibliothèque ne reprennent qu’après l’adoption de l’Acte d’Union de 1840. Jasper Brewer est nommé greffier du Conseil spécial, ce qui l’amène à abandonner presque entièrement ses fonctions de bibliothécaire pendant presque trois ans.
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